Samuel Zo’ona Nkomo:<< le Burkina Faso est une grande équipe africaine.>>
23 février 2023Que devient le Cameroun un an après avoir accueilli la plus grande compétition sur le continent africain ? Nous avons cherché des éléments de réponse avec Samuel Zo’ona Nkomo, chargé de communication du CO CAN Cameroun 2021. Il est revenu sur sur les différentes polémiques autour de la CAN 2021
CS Médias : Comment se porte le Cameroun aujourd’hui, un an après avoir accueilli la CAN ?
Samuel Zo’ona Nkomo: Le Cameroun a toutes les raisons de se sentir satisfait de l’organisation de la CAN. De l’avis des experts et des hautes autorités des instances faîtières du football notamment la CAF, la FIFA et bien d’autres, il se trouve que la CAN au Cameroun a été crédité d’une très bonne organisation.
CSM: Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrés dans l’organisation de cette CAN ?
SZN: Il faut avant tout, noter qu’à côté des difficultés il y avaient des facilités parce que nous sortions de l’organisation du CHAN 2020 joué en 2021 sur quatre (4) sites.C’etait le tremplin pour aller à l’organisation de la CAN. Cela a été une très bonne chose pour le Cameroun en termes de facilitation pour que la CAN soit une réussite tel que vous l’avez apprécié.
En termes de difficultés, il y avaient des contraintes internes et externes. Vous savez bien que bien que le Cameroun ait été appelé pour l’organisation de cette CAN, c’est alors que l’organisation était déjà acquise par le Cameroun que le pays est surpris d’apprendre que les termes du cahier de charge ont changé de savoir, qu’on passe de quatre (4) grands stades à six(6) grands stades. Ce n’est pas évident alors que le pays savait qu’il allait organiser la CAN et que les équipes devraient passer à vingt quatre( 24) au lieu de seize (16).
Vous comprenez que le Cameroun n’a pas reculé à l’annonce de cette décision de la CAF. Il a continué avec l’organisation. En termes de difficultés, les charges se sont augmentées et il fallait que le Cameroun tienne son cahier de charge lorsqu’on sait que la CAF est exigeante et rigoureuse en termes d’infrastructures dans l’organisation d’une CAN.
CSM : Est-ce que le Cameroun au regard de ce qu’il produit comme footballeurs sur le plan international, est-ce que le Cameroun doit attendre qu’on lui attribue une CAN avant de se mettre aux normes en termes d’infrastructures ? Est-ce que cela n’est pas un manque de projection politique ?
SZN: Ce n’est pas le Cameroun qui a demandé au président Ahmad, d’ailleurs la déclaration a été faite chez vous à Ouagadougou lorsque le président Ahmad a dit après un symposium de la CAF qu’il a dit que maintenant la CAN passe à vingt quatre (24) équipes alors que le cahier de charge était déjà en marche.
CSm: Comment avez vous pu réussir l’organisation de cette grande compétition dans un contexte de crise sanitaire marqué par la maladie à corona virus ?
SZN: Oui effectivement le contexte sanitaire était marqué par le covid 19 et nous membres du comité d’organisation de la CAN avons appris qu’une compétition qui a l’envergure de la CAN est organisée à deux niveaux: un comité local d’organisation et un comité de la CAF. Le comité qui prime est bien celui de la CAF. C’est celui qui va dire que nous ne jouons pas sur ce stade, nous ne prenons pas cet hôtel, nous designons nos arbitres. Le comité local ne peut pas le faire. Le comité local met à disposition les infrastructures, tous les éléments du cahier de charge tel que demandés par la CAF. Maintenant vous allez voir le rapport avec le covid pour dire que ça ne peut pas être un problème du Cameroun. Il n’était pas question pour le Cameroun d’aller faire des tests covid sur les joueurs qui viennent dans les délégations. Vous savez qu’en termes de règlement, la CAF a sa comission médicale et c’est cette comission qui s’occupait des tests covid.
La polémique honnêtement ne devrait pas exister pourquoi parce que c’est la CAF qui s’assurait déjà de ce volet sanitaire par rapport à ces équipes.
CSM : Mais certains estiment que ce sont les adversaires du Cameroun qui sont victimes, alors que le Cameroun n’a jamais enregistré de victimes ?
SZN: Prenons le cahier de charge et regardons. C’est la comission médicale de la CAF qui s’en charge des tests. Ça ne peut pas être le problème du Cameroun. Ce n’est pas une comission covid des médecins du Cameroun qui faisait les tests. . Nous à notre niveau, nous avons pris toutes les dispositions nécessaires pour préserver nos joueurs de cette pandémie.
CSM : Un an après la CAN quel est l’impact de cette compétition continentale sur le plan sportif ?
SZN: En termes d’impacts, nous avons des localités qui ont été rénovées aujourd’hui.
La route qui relie la capitale à Yaoundé à Baffoussam a été entièrement rénovée.
C’est la même chose à Garoua où les voiries ont été rénovées, où les aéroports ont été refaits.
Sur le plan du football il faut dire que le Cameroun en allant à la CAN avait pour objectif de remporter le trophée mais cet objectif n’a pas été atteint. Celui d’être champion sur son propre sol. On s’est dit que c’est peut être une malédiction entre guillemets camerounaise qui doit briser le signe indien sur ce volet précis. Le Cameroun a aujourd’hui cinq trophées de la CAN mais cinq trophées gagnés hors du pays.
CSM : Sur le plan économique, combien la CAN a coûté au Cameroun ?
SZN: On ne peut vraiment pas évaluer en termes de milliards combien la CAN a coûté au Cameroun parce que s’il faut s’en tenir au budget qui a été alloué au comité local d’organisation, il est parcellaire.
On peut répondre à cette question de manière générale en disant que ça été une volonté du président de la république du Cameroun qui a tenu à ce que cette CAN se joue au Cameroun avec toutes les commodités.
CSM : Parlant d’infrastructures il y a les travaux du stade d’olembé qui n’étaient pas achevés lors du match d’ouverture, est-ce qu’aujourd’hui c’est chose faite ?
SZN: Vous faites bien de parler du stade d’Olymbé parce que le président de la république est entrain de construire un complexe sportif. Ce complexe est estimé à 163 milliards.
Pour ce qui est du stade, le stade est achevé parce que la CAN s’est jouée à olymbé. La CAF a été exigeante. Vous avez vu que toutes les commodités étaient là. Il y a tout dedans. Maintenant le complexe lui n’est pas terminé.
CSM : Quelles sont les stratégies mise en place par l’État camerounais pour l’entretien de ces infrastructures ?
SZN: Le Cameroun a mis en place une comission nommée ONIES. l’Office National d’infrastructures et Équipements Sportifs. C’est une structure qui a été mise en place par un décret présidentiel et qui est un organisme public doté d’autonomie financière de gestion dans les matières relevant de sa compétence avec pour siège à Yaoundé. Elle a pour mission d’assurer par son expertise l’entretien, la maintenance, l’exploitation, la sécurisation, le développement et la pérennisation des infrastructures et équipements sportifs ainsi que les installations spécifiques réalisées ou aménagées par L’État.
CSM : Si l’organisation de la CAN par le Cameroun était à refaire, qu’alliez vous éviter de faire ?
SZN: Ce que nous allons faire c’est de trouver les moyens pour que le Cameroun gagne. Sur l’organisation on pourrait faire encore extrêmement attention sur les problèmes de sécurité et de sûreté parce qu’il faut faire la différence entre la sécurité et la sûreté. Je fais déjà allusion au malheureux incident qui a eu lieu au stade d’Olymbé où il y a eu des morts. Si la sûreté était bien faite ce qui s’est produit n’allait pas arriver. Il me semble que l’un des problèmes les plus importants et ça nous l’avons appris au comité local d’organisation, tant qu’un événement n’est pas terminé, ayez des soucis par rapport à la sécurité parce que vous ne savez pas où une bombe peut survenir où un incident peut survenir.
CSM : Le Burkina Faso a terminé 4e lors de cette CAN, quelle analyse faites vous de cette équipe des étalons ?
SZN: Il faut avouer que personnellement moi je supportais les étalons. Mais pas au point que les étalons battent le Cameroun. Au début on pensait que les deux équipes allaient atteindre la finale. Mais malheureusement ça n’a pas été le cas. Le Burkina Faso est une grande équipe africaine. Moi j’étais aux gradins ce jour là, j’ai vu Aristide Bancé se mettre dans tous ses états pour que son pays puisse gagner. J’ai apprécié votre entraîneur Kamou Malo en conférence de presse de part son discours. Vous savez que c’est un entraîneur local, africain. Le Burkina Faso sans faire la fine bouche ce sont des sélections qui comptent pour l’Afrique. On l’apprécie davantage parce qu’on a la certitude que le football est assez travaillé à la base.
Mais je ne peux pas vous faire l’excuse d’avoir raté, c’est toujours incompréhensible d’avoir raté la chance de saisir la médaille de bronze alors qu’à quinze minutes de la fin de rencontre vous menez par 3-0 . C’est vrai que c’est le football mais ça pouvait être un délit de suffisance mais c’est incompréhensible. Nous savions déjà que nous étions déjà quatrième à cette CAN. On a pas compris comment vous nous avez fait la grâce de sauver notre honneur en remportant notre medaille de bronze. Les étalons doivent travailler pour avoir le mental des lions indomptables du Cameroun. Le fighting spirit. C’est à dire que ce sont des valeurs transmises de générations en générations. C’est pour ça qu’on dit qu’impossible n’est pas camerounais.
CSM : Que doit faire le Burkina Faso pour pouvoir remporter la prochaine CAN à venir en Côte d’ivoire ?
SZN: Pour que le Burkina Faso gagne il faut qu’il ne se mette pas en lit de suffisance et de confiance. Mettez vous en insécurité, mettez vous en incertitude. La bonne incertitude. Ne regardez pas les acquis mais demandez vous quelles sont vos faiblesses afin de pouvoir les corriger. Vous êtes à domicile en Côte d’ivoire mais apprenez des autres. Voilà le Cameroun qui était à domicile mais qui ne parvient pas à gagner. Ne regardez pas vos forces, vos capacités. Analysez surtout vos faiblesses et n’oubliez pas le plan spsychologique.
CSM : Nous sommes presqu’à la fin de l’entretien, le Cameroun sort de la coupe du monde au premier tour, est-ce un échec pour vous ?
SZN: Il faut être sincère. En même temps d’être un patriote, je suis un journaliste, je suis observateur. Je peux dire que la prestation du Cameroun au mondial a été une mauvaise prestation. Parce que là, nous sommes en football et en football le bon résultat c’est la victoire, le bon résultat c’est la qualification, le bon résultat c’est d’aller le plus loin possible au cours d’une compétition.
Cela parce que je vois là où vous voulez en venir. Vous pensez que comme tous les camerounais, je vais vous dire que le Cameroun a battu le Brésil donc nous avons gagné notre coupe du monde. Je ne le dirai pas pourquoi, parce que le Cameroun est à sa huitième participation à une coupe du monde. Donc il n’est pas possible que vous partiez à la coupe du monde avec pour ambition de sortir au premier tour.
CSM : C’est la fin de cet entretien est ce que vous avez un message à l’endroit du peuple burkinabè, camerounais voir africain ?
SZN: Le peuple burkinabè et celui du Cameroun sont des frères qui partagent beaucoup de choses en termes de culture. Nous souhaitons vivement car nous sommes dans le sport, nous souhaitons que le football burkinabè soit crédité de bons points mais il faut maintenant des indicateurs. Les indicateurs c’est le palmarès. On sait que le football burkinabè est alléchant mais le football ne doit plus seulement être alléchant mais il faut le palmarès aussi. Donnez nous une étoile, donnez nous une qualification pour la coupe du monde. Ça on vous l’exige même parce que le Burkina Faso est un grand pays de football.
Merci
Entretien réalisé par Moussa Ramdé