Mohamed Koffi :《je pense qu’avec une bonne ambiance autour du groupe et la Solidarité, les Etalons feront des merveilles pour le Burkina en Côte d’ivoire en 2024》

13 mai 2023 Non Par CS Médias

Comme annoncé il y’a quelques jours, CS Media a été honorée par une visite de l’ancien international Burkinabè Mohamed Koffi et par un entretien exclusif qu’il a nous accordé. Parmi les nombreux sujets passionnants dont on a débattu, voici en intégralité les propos et les réflexions de l’ancien latéral droit des Etalons (2006-2016), notamment sur ses débuts en sélection nationale du Burkina Faso en 2006, son choix de porter les couleurs du Burkina au détriment de la Cote d’ivoire, son pays de naissance, son appréciation sur les performances du groupe actuel des Etalons et ses conseils sur la perspective de la CAN 2023 qui se tiendra en janvier – février 2024 en Côte d’ivoire d’où l’international Burkinabè est également originaire.

Exclusivité

Mohamed Koffi de passage à Ouagadougou

CS Médias : Aujourd’hui beaucoup de vos fans se demandent quelle est l’actualité de Mohamed Koffi. Comment va-t-il ? Que pouvez-vous leur répondre ?
Mohamed Koffi : Merci aux gens de s’inquiéter pour moi, je vais très bien, il y’a la santé. Tout va bien par la grâce de Dieu. Quant à mon actualité, comme vous le savez, Mohamed Koffi a toujours été dans son coin. Je n’aime pas trop apparaître ni m’exprimer dans la presse. Et je pense que c’est la meilleure manière de vivre. Sinon je suis toujours dans le milieu sportif. Je suis du côté de la France dans un club amateur ou je poursuis une formation d’entraineur de football et apporte mon expérience dans l’encadrement des jeunes.

Vous venez de nous dire que vous suivez une formation d’entraîneur, ce qui veut dire que vous avez mis un terme à votre carrière de footballeur professionnel. Pourquoi ne l’avez-vous pas annoncé formellement cela au public sportif Burkinabè ?

Oui, depuis 2016 je ne suis plus revenu en sélection nationale du Burkina. Mais peut être que ce n’était pas le bon moment pour moi de m’exprimer car à l’époque, je ne voulais pas frustrer quelqu’un, ni les membres de la Fédération Burkinabè de football (FBF), ni l’encadrement technique des Etalons (dirigé par Paolo Duarte), et les supporteurs. Donc après plus de 10 années passées en équipe nationale, j’ai pensé qu’il est temps de partir sans faire de vague parce que je n’aime pas la bagarre. Je voyais, j’entendais beaucoup de choses qui se disaient me concernant. Donc pour ne pas être la cause de la défaite ou des problèmes de qui que ce soit, j’ai décidé de m’éloigner, laisser les gens tranquilles et céder la place aux jeunes en sélection.
Du coup, avec le recul, je dis c’est dommage de partir comme ça parce que je fais partie d’un groupe de joueurs qui ont été beaucoup soutenus et aimés par le public Burkinabè. Donc partir sans leur dire aurevoir et merci n’a pas été facile.

Mohamed Koffi célèbre un but des Étalons

On sait que vous avez la double nationalité Ivoirienne et Burkinabè. Si c’était à refaire, auriez fait le même choix de jouer pour les Etalons du Burkina Faso et non les Eléphants de Côte d’ivoire?
(sourire) oui vous savez au départ, j’ai fait toutes les catégories jeunes de la côte d’ivoire. Mais c’est en 2005 que j’ai décidé de rejoindre la sélection des Étalons à cause de ma mère, de Drissa Malo dit Saboteur et par le biais d’un ami qui jouait au stade d’Abidjan. Pour la petite histoire, c’est Saboteur, qui a approché cet ami en question pour dire qu’il voulait des profils binationaux pour étoffer la sélection nationale du Burkina dont il avait la charge. Et c’est là que mon ami m’a parlé. Au début j’étais hésitant, après je me suis dit pourquoi pas. Et ma mère qui est Burkinabè de naissance m’a encouragé. Elle m’a conseillé d’aller là où je pourrais m’épanouir. Du coup j’ai accepté.

Certains trouvent que c’est parce que la concurrence était rude en Côte d’Ivoire que vous avez choisi le Burkina Faso. Que répondez-vous ?
(sourire) vous savez les gens sont libres de penser et de dire ce qu’ils veulent. Mais vous savez la concurrence est partout en football et la vraie concurrence, c’est sur le terrain : ce que chaque joueur est capable de donner sur un terrain de football face aux attentes du public et de son coach. Dans ce cas, il n’est plus question de pays ou de statut du joueur. Comme on le dit, le ballon est rond pour tout le monde sur un terrain de football.
Vous savez, à mes débuts pour les Etalons, j’ai reçu 2 convocations à la fois (une de la cote d’ivoire et une du Burkina Faso). Et mon coach Égyptien m’a dit, « tu laisses la côte d’ivoire de Didier Drogba pour aller faire quoi au Burkina »! J’ai répondu, « c’est quoi ton problème ? la Cote d’ivoire et le Burkina, c’est la même chose pour moi, et c’est moi qui choisis une partie de moi-même. Et J’ai choisi le Burkina sur conseil de ma maman et après avoir échangé avec Saboteur.

Quand vous êtes arrivés en équipe nationale des Étalons, comment avez-vous été accueilli comme étranger i.e. comme un joueur issu de la diaspora ou comme un frère Burkinabè par les autres du groupe?
J’ai été très bien accueilli par le groupe mais bien sûr tout le monde savait d’où je venais. Et puis j’ai retrouvé en sélection du Burkina des amis d’enfance d’adjamé à Abidjan. Il y avait Mamadou Tall , arouna bamogo, surtout le grand frère Ibrahima tallé que je salue au passage. Il a été un bon grand frère depuis mes débuts au foot dans les quartiers d’Abidjan jusqu’en sélection du Burkina. C’est vrai qu’on nous appelait diaspo (ceux qui étaient nés ou qui avaient grandi en RCI) mais moi je n’en ai jamais fait un problème. Les joueurs qui venaient de Bobo étaient considérés comme des Bobolais et ceux du centre les Ouagalais, mais pour finir on formait une même équipe : les Etalons du Burkina Faso. Et on se battait pour le même drapeau national.

Est-ce que vous pouvez nous raconter, comment vous avez vécu votre premier match sous les couleurs des Étalons avec le chant de l’hymne national ?
(Grand souffle) j’ai eu vraiment la chair de poule, Parce que j’avais l’habitude de chanter l’hymne de côte d’ivoire. Mais je me dis aussi que ce n’est pas une trahison, je suis chez moi. Je me suis dit je viens de connaître une partie de moi, mes originelles maternelles ( côté maternel). Et j’avais aussi une pression. Je me sentais comme investi d’une mission sacrée : prouver que je méritais d’être la et faire honneur à la patrie de ma mère, à ma patrie. Du coup pendant que les gens chantaient l’hymne national, moi je faisais des incantations de prière au Bon Dieu pour qu’il nous aide à faire un bon match.

Quel est le plus grand match de Mohamed Koffi en équipe nationale du Burkina Faso ? Je ne parle pas de ce que les gens disent mais du match que vous considérez comme référence en termes d’investissement et d’aboutissement ?
Ouff ! il y a eu beaucoup de matches ou on a tout donné et réalisé beaucoup de choses pour le pays. Je ne triche jamais sur un terrain de foot, mais je prends le match de la 1/2 finale de la CAN 2013 contre le Ghana. Parce que lors de ce match je me suis fait mal à la cuisse en première période. J’ai senti une douleur vivre à la cuisse mais j’ai tenu à tenir ma place et le docteur m’a fait un bandage. Puis j’ai continué à jouer. En seconde période la blessure s’est aggravée en déchirure musculaire. J’ai serré les dents et j’ai poursuivi le match dans la douleur. Il n’était pas question pour moi de laisser tomber l’équipe.
En face il y’avait de grands joueurs comme Asamoah Gyan contre lequel j’ai empêché une occasion de but vers la fin du temps règlementaire. Si je n’enlevais pas cette balle, c’était un but tout fait pour Asamoah Gyan et on était éliminé. Sur l’action, j’ai eu même une discussion avec mon ami, notre gardien Daouda Diakité, car il m’avait crié de laisser cette balle. Et à la 92ème minute, je n’en pouvais plus. Je suis restée à terre, étalé sur la pelouse. Tout le monde est venu me voir. Et le Capi (Charles Kabore) m’a dit, laisse on va continuer. J’ai dit ok. Je suis sorti avec le doigt pointé au ciel. Et j’ai murmuré l’engagement que j’ai pris avec le Bon Dieu pour qu’il nous aide atteindre la finale. Je suis sorti j’ai refusé d’aller à l’hôpital jusqu’à ce qu’on se qualifie pour la finale. Je pense que c’est le match qui m’a marqué le plus marqué avec les Etalons.

Les Étalons à la CAN 2013

Qu’est ce qui faisait la force du groupe Étalon à cette époque ?
Il faut dire que c’est le vécu. D’abord nous avions subi beaucoup d’échecs et nous avons tous été copieusement insultés et moqués par le public, et ce qui était normal. Puis en 2013, il y’a eu la révolte : nous avons dit stop – trop c’était trop ! Tiens je vous raconte une anecdote. En 2013, lorsque nous sommes arrivés à l’aéroport de Ouagadougou en partant pour la CAN en Afrique du Sud, un policier de la sureté et de la police des frontières nous a lancé à la figure : « allez vite et revenez nous trouver ici ». Sur le coup, c’était choquant mais il avait raison parce qu’en 2012 on était allé effectivement à la CAN au Gabon et en Guinée équatoriale et on était revenu très vite après 3 matches, 3 défaites.
Je n’ai pas accepté cette image de looser qui nous collait à la peau. Et j’ai répondu au policier : « Cette fois ci, on s’en va et c’est toi qui vas venir nous accueillir au retour. J’avais un pressentiment que cette CAN serait différente pour nous. Si vous avez remarquée, j’étais un gars ordinaire dans l’équipe sans facétie mais pour cette CAN j’ai fait des trucs bizarres qui m’ont d’ailleurs surpris : coiffures bizarres barbe teintée blanche. C’était si inhabituel que Charles Kabore m’a dit : « Momo ça ne te ressemble pas » et j’ai répliqué : « pour aujourd’hui là, ça va me ressembler (rire). »
Au fait, j’avais promis à mes collègues que j’allais faire 5 coiffures pour chacun de nos matches jusqu’en finale : 3 coupes différents pour les 3 matches de poule, une coupe de cheveux pour le match de ¼ de finale (joué contre le Togo), et une coupe de cheveux pour la ½ finale (jouée contre le Ghana). Mais pour la finale, je ne savais pas encore quelle coiffure choisir?
Et pendant la compétition à l’entrainement je jouais plus dur que d’habitude et je provoquais les gars. Parce que je voulais réveiller en eu leur côté guerrier qui sommeillait.
Pour revenir à ta question la force de notre groupe était notre prise de conscience collective, notre mental, notre volonté de réussir quelque chose. Il y a beaucoup d’entre nous qui savaient que c’était leur dernière CAN. Notre capitaine Mamadou Keré venait de raccrocher les crampons en 2012. On se demandait à qui sera le tour en 2013. Nous savions que nous n’avions plus droit à l’erreur. Il y’avait une pression positive sur nous. Moi je me disais que cette fois ci, si on échoue encore , nous n’aurions rien laissé comme histoire pour les futures générations.
Nous serions de véritables loosers comme mon ami policier nous l’avait dit à l’embarquement à Ouagadougou. Au fait on craignait tellement de revenir bredouille à la maison que on était très solidaire, on s’aidait dans tous les sens sur le terrain et en dehors du terrain. On priait ensemble à la mosquée avec les musulmans et les chrétiens aussi dirigeaient leurs prières avec tout le monde sur la pelouse ou dans les vestiaires. L’histoire de clans n’existait plus. Et c’est ce qui a fait notre force. Donc ce parcours de 2013 n’était pas dû au hasard.

Mohamed Koffi à la CAN 2013

Après la finale perdue contre le Nigeria vous êtes de retour à Ouagadougou, avec la médaille d’argent dans une liesse populaire et avec des promesses alléchantes de récompenses des plus hautes autorités. Décrivez-nous la suite ?

Quand on est arrivé au Burkina, le peuple nous a accueilli. On ne s’entendait pas à ça. C’est dans ce genre de situation que vous réalisez que tout est possible dans la vie. Quand ça n’allait pas, le peuple Burkinabè nous a insulté énormément. Aujourd’hui c’est ce même peuple qui crie nos louanges et nous accueille en héro. C’est ça la magie du football.

Moi personnellement j’ai reçu beaucoup de cadeaux symboliques de la part de supporters. Par exemple il y a une petite fille de -6 ans qui m’a remis une pièce de 100 f comme cadeau, et ça m’a beaucoup touché. Sinon côté promesses matérielles de la part des autorités, on n’a rien reçu. On a entendu des promesses de Villa, de parcelles et de 50 millions chacun. On n’a rien vu venir. Moi j’ai reçu uniquement mes primes de match convenues avant la CAN entre le ministère, la FBF, et l’équipe nationale. C’est tout. Après il y’a des gens qui nous ont appelé pour avoir des copies de nos extraits d’acte de naissance afin de rentrer en possession de parcelles et de Villa. Nous avons envoyé les documents mais on n’a pas eu de suite jusqu’à nos jours. Mais la récompense qui m’a le plus comblé fut l’amour, l’honneur et le respect que le peuple Burkinabè nous a témoigné à notre retour d’Afrique du Sud. Aujourd’hui, j’ai encore la chair de poule rien qu’a y penser.

Aujourd’hui si vous aviez la possibilité de revenir en arrière, y’a-t-il des choses que vous auriez fait autrement dans votre carrière internationale ?
Sur ce côté je dirai que mon seul regret dans toute ma carrière fut la manière de quitter l’équipe nationale. Ça a été difficile. Je n’accuse personne, mais je pense que je méritais un peu plus de respect. J’aurais souhaité qu’on me dise clairement les choses au lieu de colporter des ragots. Il y a aussi le cas de Dagano, Keré…il y’a pleine de personnes qui sont parties. Mais ils ne sont pas allés comme il fallait. Les gens devraient être traités avec plus de respect et de considération.
Moi mon départ, c’était en 2016 sous Paolo Duarte juste avant la CAN 2017. Je ne vais pas rentrer dans les détails. Mais j’aurais souhaité qu’on me dise les choses en face ou au téléphone au lieu juste de m’ignorer alors que j’avais toujours répondu présent quand on avait besoin de moi. On m’a traité de vieux dans les médias et d’indiscipliné dans les coulisses avant de me fermer la porte de la sélection sans explication du jour au lendemain. Pourtant j’étais l’un des meilleurs Etalons dans son club en ce moment. Et j’étais nominé par la CAF pour le titre du meilleur joueur africain de l’année. Quand j’ai vu tous ces agissements, j’ai tout pris sur moi. Je me suis dit que l’amour n’est pas forcé comme on le dit. Quand tu n’es plus désiré, il faut partir.
J’ai juste donc décidé d’envoyer une lettre à la Fédération Burkinabè de Football afin qu’elle annonce officiellement ma retraite internationale au peuple Burkinabè. Mais la fédération n’a pas bronché. Ils m’ont juste répliqué: « merci message bien reçu ». c’est ce qui m’a paru bizarre : le manque de réaction de la FBF jusqu’à nos jours sur ma volonté de faire un communique officiel pour annoncer ma retraite internationale par le biais de la FBF. Je suis parti de la sélection comme un chien, ni vu ni connu.
En venant en sélection, je savais qu’un jour tout cela finirait. Je sais que l’équipe nationale du Burkina Faso n’appartient à aucun joueur, ni sélectionneur, ni dirigeant mais il est important que l’on agisse bien avec les anciens joueurs et toutes les personnes qui ont tout donné pour la sélection nationale pendant de nombreuses années afin que les jeunes qui arrivent ne doutent pas pour honorer la sélection, effectuer leur travail ou mouiller le maillot à leur tour pour le pays.

Selon vous qu’est ce qui pourrait être la meilleure manière pour un joueur qui a servi la nation de partir ? Faite une proposition qui pourrait servir à la nouvelle génération.
Pour moi le respect et la reconnaissance sont fondamentaux en toute chose. C’est important de créer des symboles, de reconnaitre le travail des devanciers et de savoir leur offrir une porte de sortie honorable. Cela peut servir de motivation pour les générations suivantes. Pour nous notre cas, ce serait magnifique si la fédération organisait quelque chose pour honorer les gens.
Je ne suis pas le seul. Aujourd’hui vous avez Alain Traoré, Charles Kaboré. On échange tous. C’est sous la supervision de la fédération et le ministère des sports que nous sommes sélectionnés comme des ambassadeurs pour défendre le pays sur un terrain de football. C’est donc au ministère des sports et la fédération de prendre leur responsabilité pour que les athlètes Burkinabè soient traités avec dignité, respect et reconnaissance quand vient l’heure de la retraite. Il doit avoir un cadre de dialogue franc entre les dirigeants, les joueurs concernés et le staff des étalons.
Apres concertation avec le joueur, le ministère des sports ou la fédération pourrait dire : voila comment nous allons te rendre hommage pour service rendu a la nation a la faveur de tel évènement ou tel match. Cela va permettre à la nouvelle génération de se battre davantage pour ce pays parce qu’il sait comment les autres avant lui ont été traités avec respect. Il faut savoir reconnaître le mérite des anciens pour motiver les jeunes à faire plus.

Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, on a vu des binationaux comme Arouna Dindané qui sont dans le staff des éléphants, n’est-ce pas une autre forme de remerciement et de reconnaissance du mérite des anciens d’une sélection nationale ?
Bien sûr. C’est une bonne chose d’intégrer un ancien joueur brillant dans le staff ou l’entourage d’une sélection afin qu’il transmette son aura et son expérience aux plus jeunes. Mais il faut faire attention pour choisir la bonne personne pour le bon poste.
Est-ce que vous regrettez d’avoir choisi le Burkina Faso comment nationalité sportive ?
Au grand jamais, si je le fait c’est comme si je regrette une partie de moi. La côte d’ivoire et le Burkina sont dans mon cœur et c’est tout.

Aujourd’hui quand vous observez la nouvelle génération des Étalons, qu’est-ce qui fait la différence entre cette nouvelle génération et la vôtre ?
Cette génération en termes de talent n’a rien à nous envier. C’est le contraire. Elle est remplie de plein de talents dans tous les compartiments du jeu. On a des joueurs qui évoluent dans les meilleurs championnats d’Europe et d’Afrique (Angleterre, Allemagne, France, Belgique, Portugal, Maroc, Tanzanie, etc.). Ils sont aussi performants en sélection. Vous voyez qu’a la dernière CAN au Cameroun ils étaient parmi les 4 meilleures nations africaines malgré le nombre élevé des équipes qualifiées.

Les Étalons en 2022

Et actuellement, malgré le changement de coach, et qu’on joue a l’extérieur tous nos matches, les Etalons sont déjà qualifiés pour la CAN 2023 en Côte d’ivoire alors que nous sommes à deux journées de la fin des éliminatoires. Nous on jouait au stade du 4 aout, mais les éliminatoires et les phases finales de CAN étaient très compliquées pour nous.
Cependant, je pense que la différence entre nous et la génération actuelle c’est juste l’envie et le vécu. Nous on avait plus l’envie parce qu’on avait beaucoup souffert ensemble. On avait un cœur de guerrier. On voulait que le Burkina Faso soit identifié par la combativité. Et c’est ça qui faisait notre fierté. Sinon je pense que cette génération a tout pour remporter une CAN.
Avec un capitaine que je respecte beaucoup. Bertrand Traoré c’est un jeune frère que j’aime beaucoup parce qu’il était et est resté jusqu’à présent très humble  malgré son talent et son vécu européen. A son âge, il a un vécu incroyable du haut niveau pour un joueur Burkinabè (Chelsea, Vitesse, Ajax, Lyon, Istanbul, …). Même à Aston Villa actuellement, aucun de ses coéquipiers n’a son expérience de coupe d’Europe à seulement 27 ans hors-mis Coutinho. C’est dire qu’on a la chance d’avoir un tel joueur comme capitaine de la nouvelle génération des Etalons.

Bertrand Traoré, capitaine des Étalons

Bertrand a encore de belles années devant lui et je pense qu’avec une bonne ambiance autour du groupe, et la solidarité de ses co-équipiers comme Dayo, Edmond, Koffi, Dango, Kabore, Steve, Cyrille, Guira, Blati, et tous les autres joueurs, les Etalons feront des merveilles pour le Burkina en Côte d’ivoire en 2024.

Beaucoup d’observateurs Burkinabè pensent que Tapsoba est l’un des meilleurs défenseurs d’Afrique, qu’en dites-vous ?
Oui ils n’ont pas tort, aujourd’hui regarder sa trajectoire de Salitas en Allemagne en passant par le Portugal. Il a progressé rapidement et il joue la coupe d’Europe et évolue dans l’un des grands championnats Européens avec le Bayer Leverkusen. Aujourd’hui il fait partie des expérimentés de l’équipe. Car l’expérience ce n’est pas l’âge, c’est le vécu.

Edmond Tapsoba, défenseur des Étalons

Edmond aujourd’hui, il a déjà joué beaucoup de matchs de haut niveau. Donc c’est l’un des meilleurs défenseurs du monde. Je les écrit tous à chaque fois pour les encourager. Donc je dirais que nous avons la chance d’avoir un très bon groupe actuellement qui est pétri de talent et qui vit bien.
Qui peut remplacer aujourd’hui Mohamed Koffi dans cette nouvelle génération ?
Je dirai Issa Kaboré. C’est un jeune qui sincèrement parlé, me fait penser aussi à Madi Panandtiguiri à cause de sa pointe de vitesse sur le côté droit. Issa a du Panandtiguiri en lui. Il est rapide, Vif. En plus de sa capacite à dévorer les espaces et à apporter le danger par des centres, j’aimerais que Issa Kabore ajoute un peu de Mohamed Koffi dans son jeu. Je n’ai rien à lui apprendre à mon petit frère, mais j’aimerais qu’il soit dur sur l’homme, un défenseur, vif, rapide mais féroce avec un cœur de lion qui n’aime pas que son adversaire se foute de lui. Ça serait waouh. Marseille ne pourrait plus le garder (rire).

Issa Kaboré, latéral droit des Étalons

En termes de latéraux de référence au Burkina Faso, je pense en toute humilité que Madi et moi n’avions pas été ridicules. Issa Kabore à nos 2 profils dans sa panoplie en plus d’autres atouts offensifs.
A cause de la proximité et de la taille de la communauté Burkinabè vivante en RCI, jouer en RCI ce sera comme jouer chez nous. Comment vous évaluez les chances des Étalons ?
C’est vrai que la côte d’ivoire c’est le Burkina, mais il ne faut pas aller à la CAN avec ça en tête. De toutes les façons, on s’est déjà qualifié pour les demi-finales de CAN en jouant chez nous une fois en 1998, mais également 3 fois (2022, 2017, 2013) en dehors. Donc l’atout du public n’est pas forcément déterminant sur la performance des Etalons. Nos joueurs sont pour la plupart des professionnels aguerris aux matches de haut niveau avec ou sans public acquis à leur cause. C’est à l’encadrement de réunir les conditions de bonne préparation et de sérénité autour du groupe pour que l’équipe soit performante le jour J en étant à l’écoute des joueurs, du staff technique et des personnes ressources.

Aujourd’hui les étalons sont orphelins du stade du 4 août, comment appréciez-vous cet état des faits en tant qu’ancien joueur ?
Je vis ça très mal ! Mes amis à l’extérieur me demandent pourquoi vous ne pouvez pas jouer sur votre terrain malgré des années de travaux de réfection. Ils me demandent si c’est à cause de la situation sécuritaire du pays où sil y’aurait d’autres raisons. J’avoue que je n’ai jamais su quoi répondre. C’est tout simplement honteux et dommage pour nous tous, le pays, les dirigeants mais surtout les Etalons qui ne méritent pas cela.
Je ne voulais pas employer le mot « honteux » parce que c’est trop fort. En tout cas je crois que personne n’est fière de cette situation ou nos étalons sont obligés de jouer tous leurs matches à l’extérieur depuis bientôt 3 ans.

Est-ce que vous avez un message pour cette nouvelle génération ?
Je dirai à la jeune génération, qu’être un footballeur professionnel et un international est un privilège qu’il faut attraper des 2 mains. C’est un métier qui peut vous apporter beaucoup et te placer au plus haut sommet. Mais c’est aussi un métier à haut risque ou tout peut basculer et changer du jour au lendemain. Tous ceux qui chantaient tes louanges aujourd’hui peuvent t’oublier une fraction de seconde au prochain match. Donc quand tu as un petit temps de jeu sur le terrain. Il faut bien prendre ça au sérieux. Parce que demain si tu n’as plus cette chance, tu vas regretter toute ta vie.
Le Burkinabè est tellement intègre qu’il n’aime pas qu’on se foute de lui. Avant de rentrer sur le terrain il faut te dire que ce drapeau est très lourd. Et qu’en décidant de porter les couleurs du Faso, tu en mesure les conséquences : se battre corps et âme et tout donner sur le terrain.

Un message aussi pour les supporters.
D’abord, je voudrais leur dire du fond du cœur infiniment merci pour l’amour, le soutien et la force qu’ils m’ont donnés tout au long de ma carrière internationale et professionnelle. Je n’ai pas eu cette chance de leur dire merci avant de raccrocher les crampons. Donc je profite de votre micro pour dire merci du fond du cœur à ce peuple Burkinabè qui m’a adopté et aux autorités sportives Burkinabè qui m’ont donné la chance de défendre les couleurs de mon pays, du pays de ma mère. J’espère un jour revenir apporter ma contribution au développement du football Burkinabè en tout qu’encadreur si l’occasion se présente. Je termine aussi en remerciant l’ancienne équipe fédérale et a tous les dirigeants qui nous ont veillé au grain et nous ont permis de défendre vaillamment les couleurs nationales toutes ses années. Qu’a chacun le Bon Dieu rende le centuple de ses bienfaits. Merci.

Entretien Réalisé par Moussa Ramdé